La jeunesse de Marrakech – 2012

J’ai eu ainsi l’occasion d’élaborer ce projet en participant à une résidence d’artiste au Maroc en 2012 via l’association du BIJ dans le cadre de Daba Maroc, d’une durée de 15 jours.

Étrangère ici et immigrée là-bas, que représentait pour moi la citoyenneté ?

Je m’aperçois qu’en tant qu’enfant d’immigrés, on se retrouve devant la difficulté de s’identifier aux parents, l’ambiguïté de l’héritage d’une mémoire familiale et à la fois privée d’une mémoire collective nationale.

J’ai pu découvrir le voile que je m’étais mis devant les yeux. Je m’étais cachée derrière une idéologie qui était tout simplement l’idée que tout comme vous, je suis humaine et je revendique à ce juste titre l’ouverture, l’acceptation des différences et l’égalité de chacun.

J’étais dans un pays où j’aurais dû, selon certains, me sentir moi, me sentir bien, me sentir chez moi tout simplement. À maintes reprises, j’ai entendu ce discours. Je me suis sentie sans cesse rejetée de part et d’autre. En Belgique, je suis considérée encore comme issue de la « deuxième génération », une enfant d’immigrés. On me pose souvent des questions sur un pays qui n’est pas le mien. Au Maroc, j’ai constaté que le terme utilisé pour nous désigner est « les immigrés ».

Lors de cette résidence avec le BIJ (Bureau international Jeunesse), il m’a semblé intéressant d’aller à la rencontre des jeunes Marrakechis issus de la génération Y. Au Maroc, c’est une génération qui a grandi dans un environnement sociopolitique relativement stable. Ils sont pour moi la citoyenneté de demain, l’espoir d’une civilisation.

J’ai été à leur rencontre, pour constater un présent, une quête d’identité, une quête de l’autre et une dimension personnelle qui était aussi d’aller à la rencontre de mes origines. Mais aussi avec l’espoir de constater un changement des mentalités depuis la génération de mes pairs.

Je constate que le passage à la modernité ne s’est pas fait en douceur, toutes les valeurs ont été prises à l’extrême. Ce pays confronté à la modernisation est encore trop traditionnel alors que la modernité traverse les moeurs avec de lourdes conséquences.

Ils sont partagés entre une liberté occidentale, une culture traditionnelle et leur conviction religieuse. Le silence laisse place à une distorsion des pensées, les maux de toutes aliénations.

Je me rends compte qu’il n’y a pas de différence entre eux et moi, nous cherchons sans cesse à définir un « Je » nous jonglons entre ces identités, un moi instable toujours en mouvance.

Jmarrakech,  « The Majorelle blue » © Hanane Housni
Jmarrakech, « The Majorelle blue » © Hanane Housni

Jmarrakech,  « Hiba Chaari » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Hiba Chaari » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Deux passants » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Deux passants » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Marrakechi Trace I » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Marrakechi Trace I » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Aymen S. » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Aymen S. » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Simo » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Simo » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Salwa » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Salwa » © Hanane Housni

Jmarrakech, « Yassine »  © Hanane Housni
Jmarrakech, « Yassine » © Hanane Housni

Jmarrakech © Hanane Housni
Jmarrakech © Hanane Housni

Jmarrakech, « Fatine » © Hanane Housni
Jmarrakech, « Fatine » © Hanane Housni