société anonyme © Edgar Marsy
société anonyme © Edgar Marsy

La Réunion vue par Edgar Marsy

Installé à la Réunion depuis 6 ans, Edgar Marsy est photographe et éditeur. Immortalisant la Réunion tout en noir et blanc, Edgar apporte un nouveau souffle dans la photographie réunionnaise. Nous avons pu découvrir le travail d’auteur de ce photographe dans l’exposition internationale des 7èmes Rencontres Africaines de la Photographie à Bamako en Novembre 2007. Place à une vision moderne de la Réunion et de sa culture…

société anonyme © Edgar Marsy
société anonyme © Edgar Marsy
Tu es l’un des rares photographes d’origine française vivant à la Réunion à être présenté aux Rencontres Africaines de la photo. Comment en es-tu venu à leur proposer ton travail ?

« La ville est souvent le reflet d’une culture, en s’y promenant on peut lire son histoire, ses enjeux et les valeurs qui l’ont construite »

C’est la phrase d’introduction à ma série présentée à Bamako « société anonyme ».

Je suis avant tout photographe, je vis à la Réunion, et de fait ma « problématique » photographique est réunionnaise

Quand j’ai eu connaissance de la thématique des Rencontres « dans la ville et au delà », j’etais concerné et c’est naturellement que j’ai envoyé mon dossier et ma candidature.


A Bamako tu présentais une série intitulée « Société anonyme ». Cette série a été réalisée dans différents lieux de La Réunion et présente une image de l’île assez moderne. La publicité y est omniprésente. Pourquoi ?

« La Réunion est un pays moderne ! » N. Boutros

Toutes ces enseignes et publicités que tu photographies semblent attester d’une société de consommation qui grandit et se développe à grande vitesse. Ton travail est-il une réflexion autour de cette société de consommation et son environnement urbain ?

En arrivant à la Réunion il y a 8 ans, J’ai commencé par un travail autour des spécificités culturelles réunionnaises, soulignant entre autres l’architecture et l’art de vivre créoles. La « société de consommation  » est un système phagocytant et exclusif,  et nous sommes actuellement témoin de ce processus à la Réunion. La publicité est le fer de lance du système, elle définit ses « valeurs », et sa redondance donne une grille de lecture au nouveau paysage urbain.

société anonyme © Edgar Marsy
société anonyme © Edgar Marsy

En dehors de tes travaux de commande, tu sembles énormément travailler autour du portrait, sur La Réunion et ses habitants, est-ce ta spécialité ? _ Même si le paysage urbain en dit beaucoup sur l’homme, le portrait  reste peut être le plus court chemin pour le raconter. Je ne suis pas un grand voyageur, et le gros de mon travail photographique est issu de mon périmètre de vie, voir de mon quotidien …La Réunion

Question un peu plus technique, pourquoi utilises-tu uniquement le noir et blanc comme film ?

Au départ,  c’est une facilité technique, le fait d’être autonome de la prise de vue au tirage. Il y a dans le noir et blanc, un décalage avec le réel. En regardant par exemple une fleur en noir et blanc, on casse le code de lecture naturel, c’est particulièrement vrai autour d’un sujet comme la publicité… J’ai dernièrement regretté d’avoir traité un sujet en n/b … la couleur, je suis convaincu que j’y passerai bientôt !

On a pu découvrir via ton site, des images capturées pendant la Biennale. Tu y présentes des portraits d’enfants, de personnes, glanés essentiellement autour des évènements comme le studio photo du CNA. Pour toi est-ce l’un des moments forts de la Biennale ?

Durant la semaine professionelle, entre les vernissages, les conférences, et autres expos, nous avons eu peu de temps pour découvrir Bamako et encore moins pour faire des images. Je suis allé en fin de semaine voir le Cinéma Numérique Ambulant où le photographe Meyer intervenait. Un studio monté au milieu de la route où les habitants du quartier ont la journée pour venir poser. Le soir venu c’est tout le quartier qui vient voir la projection grand format et sonorisée.  On est proche de l’animation spectacle, c’est l’euphorie générale, j’ai rarement vu un tel échange et un tel retour sur un boulot photo… Chapeau bas à Monsieur Meyer et son équipe !

transition © Edgar Marsy
transition © Edgar Marsy

Peux-tu nous dire en quelques mots, ce que tu as pensé de la Biennale aussi bien au niveau photographique, que les rencontres…

Ayant diffusé en quelques années un demi million de cartes postales et posters de mon travail photographique sur la Réunion, je suis habitué à une « critique » notamment lambda et grand public.

A bamako, J’ai pu apprécier à quel point il y a un univers autour de la photographie, un marché, des galeristes … et tant de spécialistes ! J’ai rencontré de grands photographes et des univers passionnants, j’ai assisté à des conférences qui m’ont réellement nourri. Je ne sais pas si ça changera fondamentalement ma façon d’aborder la photographie, mais ça me donne la mesure de mon isolement à la Réunion.

Peux-tu nous parler brièvement de ton actualité à venir…

En dehors de mes travaux personnels et  projets d’édition, je n’ai  rien planifié pour 2008

Site Edgar Marsy