Vente africaine à Bruxelles

Un bel ensemble de « photographies africaines » faisait l’objet le 23 novembre dernier d’une vente aux enchères programmée par Pierre Bergé & Associés, en la salle des Beaux-Arts à Bruxelles. L’expert Vincent Godeau avait réuni pour la circonstance quelque 270 lots de photographies réalisées à travers tout le continent entre 1850 et 2010, proposant en quelque sorte les jalons d’une histoire africaine du médium.

© Al Rashid Mahdi (Soudan),
© Al Rashid Mahdi (Soudan),

Cette vente, une première en Europe, était attendue car elle allait permettre de mieux situer la cote de la photographie africaine, laquelle fit ces dernières années l’objet de multiples expositions dont beaucoup eurent lieu aussi bien en France qu’en Belgique. Ainsi, la biennale « Été de la Photographie » 2010 qui vient de s’achever à Bruxelles, consacrait une de ses thématiques au continent africain, ce qui permit de lui consacrer pas moins de 12 expositions, individuelles (Pieter Hugo, Roger Ballen…) ou collectives. Le contexte pouvait donc être favorable à une telle dispersion, d’autant plus que l’Afrique subsaharienne était annoncée comme prochaine thématique du salon Paris Photo en 2011.

Les 270 lots présentés offraient une belle variété tant au niveau de la forme – du noir et blanc de petit et moyen format aux grands tirages couleur contemporains – que sur le plan du document avec des œuvres rares et anciennes retraçant quelques épisodes historiques marquants (e.a. des images anonymes de la guerre des Boers réalisées en Afrique du Sud au tournant du XXe siècle et des portraits signés par le Soudanais Al Rashid Mahdi). Malgré cette offre variée et des estimations qui se voulaient prudentes, moins d’un quart des œuvres fut vendu.

Les pièces importantes trouvèrent acquéreurs surtout sur enchères téléphoniques car le public était peu nombreux dans la salle du Sablon. Le choix des acheteurs se porta majoritairement sur les auteurs de l’Afrique francophone (Malick Sidibé dont sept portraits furent emportés à des prix montant jusqu’à 1.400 euros, Seydou Keïta dont un « enfant au vélo » atteignit les 4.000 euros ou Kélétigui Touré dont les portraits en noir et blanc remportèrent un beau succès), mais aussi sur les œuvres contemporaines de grand format comme celles signées Yo-Yo Gonthier (1.300 euros) ou Yasmina Bouziane dont un autoportrait de 1993-1994 trouva preneur à 2.500 euros. La présence de cette dernière ou d’autres auteurs actifs au Maroc (J. Benabdesslam dont un « plongeon » fut adjugé 1.100 euros) ou dans d’autres pays de l’Afrique du Nord (Bruno Hadjih, Bruno Boudjelal …) a permis par ailleurs de mettre également en valeur la production autre que subsaharienne. De fait, pour l’Afrique Noire, certains noms confirmèrent leur cote, parmi lesquels Samuel Fosso (Centrafrique) et ses autoportraits ou Jean Depara (RDC) dont deux vues nocturnes partaient à 1.600 euros chacune, ces deux derniers auteurs étant acquis par la Fondation Zinsou qui au total se porta acquéreuse de pas moins de sept œuvres.

Même si l’on peut se demander ce qu’il serait advenu si la vente avait eu lieu à Paris, on regrettera le petit nombre d’images vendues qui oblige à constater que la création photographique africaine n’a pas encore trouvé sa place réelle sur un marché international où les œuvres de ce continent n’ont, d’une manière générale et quelles que soient les disciplines, pas encore assez éveillé l’attention des collectionneurs.

© Carolle Benitah , de la série
© Carolle Benitah , de la série

© Lolo Veleko (Afrique du Sud), de la série
© Lolo Veleko (Afrique du Sud), de la série