A la mode de Samuel Fosso

« Tout le monde se sent beau, mais moi, je sais que je suis beau »

Cette phrase inscrits sur les murs de l’exposition de Samuel Fosso à la Fondation Zinsou à Cotonou annonce la couleur et fait sourire. Quand on découvre pour la première fois le travail de ce photographe, la surprise est de mise. Pour ceux qui ont déjà plongé dans son univers, cette exposition revisite son parcours chronologiquement et sa démarche unique. Ici, ce sont quinze photographies de l’artiste camerounais que l’on voit au mur de la fondation.

Réalisée dans son studio à Bangui en Centre Afrique, c’est à travers des autoportraits mis en scène, que Samuel Fosso se mue en un autre, parfois une femme, parfois en icône ou héros. « Le sujet c’est moi. Mais le sujet c’est une autre personne qui raconte l’histoire d’une autre personne »

La scénographie de cette exposition joue avec les périodes et l’évolution de la pratique du photographe. Le spectateur s’immerge d’abord dans un monde noir et blanc, où l’on découvre cinq premières images produites à ses débuts. Au départ, photographe de studio au sens classique, on trouve dans la dernière image présentée dans ce corpus, les prémices de ses autoportraits.

Lorsque l’on monte d’un étage, c’est la couleur qui saute aux yeux. Ce sont dix images de la série Tati réalisée sur commande en 1997 pour le 50ème anniversaire de la célèbre enseigne de magasins français qui sont présentés sur des pans de murs colorés. On s’immerge dans des photos décalées qui font et défont les codes de l’image de mode et la représentation de l’identité africaine. Et c’est un pirate, une bourgeoise, un cadre supérieur ou encore un marin qui nous font face ici.

Sans titre, Autoportrait Photographie noir et blanc, 1975-76, 54 x 54 cm © Samuel Fosso
Sans titre, Autoportrait Photographie noir et blanc, 1975-76, 54 x 54 cm © Samuel Fosso

Le Marin, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso
Le Marin, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso

La Bourgeoise, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso
La Bourgeoise, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso

La Femme américaine libérée des années 70, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso
La Femme américaine libérée des années 70, Autoportrait Série TATI Photographie couleur, 1997, 120 x 120 cm © Samuel Fosso

Depuis, les photos de Fosso dépassent le simple autoportrait pour révéler des messages souvent politiques. Jusque dans ses dernières séries notamment African Spirit (2008) qui immortalise en noir et blanc les penseurs panafricanistes et des personnalités du mouvement des droits civiques aux États-Unis comme Malcolm X, Nelson Mandela, Patrice Lumumba ou Léopold Sédar Senghor.

Entièrement gratuite, cette exposition a ouvert ses portes le 14 avril et se tient jusqu’au mois d’août 2014.

Plusieurs évènements ponctuent cette exposition comme une conférence Mardi 15 avril 2014 À 19h00 dans l’espace de la Fondation Zinsou « Dorian Gray à Bangui » animée par Simon Njami.
La Fondation Zinsou éditera une nouvelle parution des « Cahiers de la Fondation » : « Samuel Fosso, the spectacle of the body » par Brendan Wattenberg, directeur des expositions de la Collection Walther à New York. _ A cette occasion Erika Nimis, historienne et spécialiste de la photographie donnera une conférence.

Du 14 avril jusqu’à fin octobre 2014
L’espace d’exposition de Cotonou est ouvert tous les jours sauf dimanche
– le lundi de 13h à 19h
– du mardi au vendredi de 8h30 à 19h
– le samedi de 10h à 19h

Article publié le 25 avril 2014 dans l’œil de la photographie