« Identifier et développer sa propre photographie »

Face à l’absence flagrante de photographes nigériens à la dernière édition de la Biennale de Bamako, un atelier de formation en photographie a été mis en place du 10 au 20 juillet, à Niamey sous la direction de Philippe Guionie, photographe de l’agence Myop, avec le soutien de l’Ambassade de France au Niger et en partenariat avec l’association Afrique in visu et le Centre culturel franco-nigérien Jean Rouch. Sur place, il a été initié et coordonné par Pauline Pigeon, assistante technique industries culturelles et formation artistique auprès du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Niger. Il avait pour but l’apprentissage de bases techniques et artistiques en photographie numérique à partir de l’intitulé : « Identifier et développer sa propre photographie ».

Sept photographes nigériens avaient été sélectionnés sur dossier en tenant compte à la fois de leurs travaux antérieurs et de leurs motivations respectives : Serge Bodjrenou, Souley Abdoulaye, Achirou Garba, Oumarou Kadry Koda, Moussa Dado, Ousmane Ibrahim et Zourkalleyni Dourfaye.

Cinq d’entre eux étaient des photographes professionnels sans réelle formation et deux autres, écrivain-scénariste et géographe, étaient amateurs. Agés de 23 à 44 ans, quatre photographes étaient originaires de Niamey et trois provenaient des villes de Tillabéry, Zinder et Agadez.

© Philippe Guionie / MYOP
© Philippe Guionie / MYOP

Présentation générale et objectifs

Que veut-on raconter, pourquoi et comment ? La photographie est le résultat de choix personnels, tant sur le fond (choix du sujet, propos, point de vue…) que sur la forme (format, distance, composition, lumière…). De ces choix subjectifs découlent la singularité et la personnalité du travail de chaque photographe. La photographie est aussi une histoire de regard. En prenant le temps de regarder et de voir, chacun devait développer sens de l’observation, curiosité et instinct visuel. C’est sur ces notions de regard et de choix photographiques de chacun que s’est orienté le workshop. Celui-ci a alterné des séances de prise de vue dans différents lieux, en intérieur (CCFN Jean Rouch) et en extérieur (sur une île du fleuve Niger) avec des séances d’exercices pratiques afin de permettre à chaque participant d’appréhender les bases techniques de la photographie numérique tout en définissant un projet singulier. L’ambition était d’orienter chacun vers une photographie libre et personnelle autant dans le propos que dans la forme.

© Photographes nigériens
© Photographes nigériens

© Philippe Guionie / MYOP
© Philippe Guionie / MYOP

Contenu de l’enseignement

Deux semaines de formation

La première semaine était consacrée à la mise en place d’exercices pratiques afin de définir concrètement plusieurs types d’expressions photographiques : le reportage, le portrait en intérieur, le portrait dans l’espace, l’autoportrait, la mise en scène,…. Au delà de la connaissance nécessaire dans l’utilisation de l’appareil photo, chaque stagiaire devait produire des images personnelles en tenant compte d’un certain nombre de contraintes (utilisation du zoom proscrite, nombre de prises de vues limitée, aucun effacement des images réalisées,…). Elles faisaient ensuite l’objet de projections journalières afin de susciter une analyse critique individuelle et collective. Les notions de lumière, de composition de l’image, de gestion du premier plan, de cadrage, étaient ainsi abordées à partir des photographies produites par les stagiaires. En outre, des projections de l’oeuvre de photographes africains et internationaux de renom étaient proposées quotidiennement afin d’approfondir leur culture photographique.

© Philippe Guionie / MYOP
© Philippe Guionie / MYOP

La seconde semaine était consacrée à la réalisation d’une série personnelle de 15 à 20 photographies sur un seul thème quel que soit le mode d’expression choisie : reportage, portrait, nature morte, mis en scène, …

L’un des objectifs essentiel était que cette première série personnelle puisse devenir rapidement l’esquisse et la vitrine de l’identité photographique de chaque stagiaire, futur candidat à des concours et festivals nationaux et internationaux dédiés à la photographie (Rencontres internationales de Bamako).

Bilan

Tout au long de ces deux semaines d’atelier, les sept photographes nigériens ont fait preuve d’un réel enthousiasme et de beaucoup d’attention tant dans l’apprentissage des notions techniques essentielles en photographie (gestion de la lumière, lecture et composition d’une image, etc…) que dans la réalisation de leur série personnelle respective n’hésitant pas à plusieurs reprises à travailler jour et nuit.

Lors d’une projection collective le vendredi clôturant l’atelier, chaque stagiaire a ainsi proposé une ou plusieurs séries inédites en exprimant oralement sa démarche à un public attentif et séduit : « Une journée au coeur de la ceinture verte de Niamey » par Moussa Dado, « Carcasses » et « Monsieur le vulcanisateur » par Souley Abdoulaye, « Les enfants du marabout » par Zourkalleyni Dourfaye, « Terre à terre » par Ousmane Ibrahim, « 24 heures du pont Kennedy » et « Pollution sauvage » par Serge Bodjrenou, les forgerons de Katako par Achirou Garba et « Une vie de garoua » par Oumarou Kadry Koda.

Une dynamique de groupe s’est rapidement en place, un projet de collectif de photographes nigériens étant déjà à l’étude.

Perspectives

Une exposition présentant l’ensemble des photographies produites durant cette formation sera organisée au CCFN à Niamey à partir du 14 septembre 2012. Tous les participants ont émis le souhait qu’un autre atelier de ce type voit le jour prochainement au Niger.

Philippe Guionie

© Philippe Guionie / MYOP
© Philippe Guionie / MYOP

© Philippe Guionie / MYOP
© Philippe Guionie / MYOP