Love Radio

Découvert il y a quelques mois, le projet transmédia Love Radio, a été créé et imaginé par la journaliste – cinéaste Eefje Blankevoort et la photographe Anoek Steketee. Son histoire se base sur le feuilleton radio Musekeweya (signifiant la Nouvelle Aube) qui aborde le processus de réconciliation après le génocide rwandais. Mêlant réalité et fiction, il se compose d’une exposition, d’un webdocumentaire de 78 minutes et de formats courts (Tap stories) en photo et en texte spécialement conçus pour les smartphones.

Le point de départ des deux auteurs, c’est le feuilleton radio Musekeweya. Suivi par des millions de personnes chaque semaine, il raconte une version fantasmée et rêvée de la réconciliation. Un beau pied de nez, quand on sait l’importance de la radio « Inyenzi» (cafards) dans l’incitation aux meurtres tutsis. Pourtant, 20 ans après le génocide, la réalité est bien plus complexe et une question reste prépondérante aux yeux d’Anoek Steketee et Eefje Blankevoort: « Après les tueries horribles, comment les auteurs et les victimes peuvent vivre et s’aimer ? »

Vue de l'exposition Love Radio imaginé par Foam © Christian van der Kooy
Vue de l’exposition Love Radio imaginé par Foam © Christian van der Kooy

Ainsi elles s’intéressent au présent. Elles dressent un tableau de la société actuelle au Rwanda avec comme fil conducteur cette radio. Elles s’interrogent : La fiction peut–elle amener les gens à se réconcilier ?

Pour elles, ce projet parle à la fois de la violence, de la réconciliation, de la culpabilité et de l’innocence, pardonner et être pardonné. Mais c’est aussi le rôle des médias dans la société, l’émergence d’une façon collective de penser et la désignation de boucs émissaires, que Love Radio soulève.

Dans son ensemble le projet est bien pensé, chaque volet (pour l’exposition, sur internet ou sur mobile) est indépendant mais intrinsèquement lié. On oscille entre une combinaison de photos, vidéos, ambiance sonore et interview. La partie photographique est très forte. Les images sont d’une facture sombre car celles-ci ont été prises à l’heure même où le feuilleton est diffusé autour de neuf heures du soir. Mélangeant portraits des auditeurs, vues et paysages de collines rwandaises et intérieurs de maisons, elles donnent une vision intime du lien avec la Radio Love.

Les différents volets du projet, webdocumentaire et exposition n’ont pas tardé à être remarquer. Une exposition transmédia a été imaginée pour FOAM (Photography museum Amsterdam) du 11 juillet au 7 septembre 2014 :
– http://www.foam.org/visit-foam/calendar/2014-exhibitions/love-radio

En juillet, la partie photographique a fait partie des 5 travaux lauréats du prix POPCAP 14 / Piclet
– http://www.piclet.org/directory/Anoek-Stekeete

Et le webdocumentaire été dans la liste des présélectionnés pour les VISA D’OR France 24- RFI du webdocumentaire 2014.
– http://www.france24.com/fr/finalistes-FRANCE-24-RFI-prix-du-webdocumentaire-2014/

Cet article a été publié sur l’Oeil de la photographie, le 15 septembre 2014.

Trailer

Love Radio, Listeners © Anoek Steketee
Love Radio, Listeners © Anoek Steketee

Love Radio, Radio © Anoek Steketee
Love Radio, Radio © Anoek Steketee

Love Radio, Musambira © Anoek Steketee
Love Radio, Musambira © Anoek Steketee

Love Radio, Listeners © Anoek Steketee
Love Radio, Listeners © Anoek Steketee