Un renouveau photographique

Depuis quelques années une jeune génération de photographes maliens tente de tourner la page des photographies de studio et de faire émerger une nouvelle iconographie.

Amadou Sow , en tant que photographe indépendant et assistant technique de la Maison Africaine de la Photographie , en est l’une des principales figures.

Ecoutez ce jeune homme, observez son travail souvent proche du reportage. Il enregistre les caractéristiques et la richesse d’un pays et de ses peuples. Il souhaite révéler par la photographie les mutations qui s’opèrent dans ce pays en développement.

Amadou Sow
Amadou Sow
Quel est ton parcours photographique ?

Je suis venu à la photographie en 1992, au lycée. J’ai ensuite été formé à l’ Institut National des Arts , INA de 1998 à 2002 .

C’est durant ma première année que je me suis acheté mon tout premier appareil Zenith. L’apprentissage n’a pas toujours été facile en photographie, j’étais l’un des premiers à étudier et à devenir photographe après la formation de l’ INA.

Un de mes enseignants m’a poussé, et grâce à cela, j’ai couvert tous les évènements de l’INA, les voyages de classe etc…

Pour mon mémoire de fin d’études, j’ai pu réaliser une recherche concernant la photographie traitant de « La photographie en tant que témoin de l’histoire » .

Pourquoi le choix de la photographie ?

Les gens s’expriment par la télé, les livres, la radio. J’ai donc décidé d’utiliser la photo comme moyen de communication. Je veux me servir de la photographie pour sensibiliser, critiquer. La photographie peut être un outil pour faire prendre conscience d’une situation. 


Nous savons que tu as réalisé différentes formations, peux-tu nous raconter ?

Quand je faisais mon mémoire, j’ai fait un stage d’un an au Musée National du Mali avec Alioune BA, en développement et tirage noir et blanc.

A la fin de ce stage, l’ONG Helvetas Mali m’a proposé un stage de perfectionnement. J’ai travaillé alors sur le thème de l’eau et le résultat a été exposé à l’école de Vevey (Suisse). Ce stage clôturait mes études.

Youssouf Sogodogo ( l’actuel directeur du CFP) travaillait au Musée, il m’a alors proposé de collaborer avec lui pour le centre d’ Helvetas, le CFP.

Youssouf et moi avons pu profiter de formations financées par le centre. Puis Luc Chessex, photographe suisse, m’a proposé un stage de photo numérique, à Lausanne, dans le journal «le 24h».

Chaque jour, j’avais la parution d’une de mes images accompagnée d’un commentaire dans le journal.

A mon retour, j’ai eu l’idée de faire une exposition en Suisse afin de mettre en regard le quotidien suisse et le quotidien malien. Ce travail a ensuite été présenté à la galerie du Magasin du Monde à Vevey en décembre 2004.

© Amadou Sow
© Amadou Sow
Et maintenant quel est ton statut ?

Je suis assistant technique et photographe de la Maison Africaine de la Photographie.

Tu participes donc aux Rencontres de la Photographie ?

Je n’ai pas le droit d’y participer en tant que photographe car je suis fonctionnaire de la MAP. Mais je participe activement, en coordonnant des expositions, en numérisant les images des 6èmes, en coordonnant les visites scolaires etc…

Et aujourd’hui que comptes-tu faire ?

J’ai d’autres ambitions, reprendre des études. Peut être des études d’histoire de l’art ou en animation et pourquoi pas être commissaire d’exposition ou critique d’art.

Mais je resterai toujours photographe! Lors d’une de mes expositions en Suisse j’ai dit : «Que serais-je sans mon appareil photo ? »

Parlons un peu de ton travail de photographe …

Je travaille sur différents thèmes souvent liés au développement. J’aimerai énormément travailler sur le paysage prochainement.

Le thème de l’eau est récurrent dans mon travail. En 2005, j’ai exposé au Sofitel avec Malick Sidibé, j’ai présenté à la fois mon travail sur l’eau et une dizaine d’images sur les ordures ! Il est de mon devoir de sensibiliser la population

J’ai travaillé aussi sur « les enfants devant une porte ». C’est amusant car dans la cosmogonie Bambara, il ne faut pas se mettre devant la porte car les génies peuvent rentrer pour boire de l’eau. Je me demande toujours pourquoi les enfants se mettent devant les portes !

Pourquoi des thèmes liés au développement ?

On ne peut pas parler du développement sans parler de photographie !

Regardez, pour l’éducation: l’image est nécessaire pour une meilleure compréhension et de plus l’image est plus attirante que l’écrit.

© Amadou Sow
© Amadou Sow
Et la modernité, cela ne t’intéresse pas ?

Si, j’ai un projet écrit sur la ville de Bamako pour montrer que Bamako dispose de très belles villas. J’ai commencé à identifier les monuments qui me semblent intéressants sur ce projet. Cela m’intéresse car je souhaite montrer une vision différente de Bamako , montrer une nouvelle image. Montrer l’autre partie de cette capitale, plus aisée.

Tu ne veux travailler que sur l’Afrique ?

Non, partout où je vais,je photographie.

Tu as souhaité nous présenter ton travail sur la fête annuelle populaire de Diafarabe, uses-tu d’un parti pris photographique particulier ?

J’ai souhaité travailler en gros plans pour montrer les traits et l’esthétique qui caractérisent les peuls. Je voulais accentuer et mettre en lumière les traits, les cicatrices et les parures de cette ethnie. Ce travail a été réalisé en numérique.

Et l’Occident cela t’attire ?

Je n’ai pas envie de vivre en Occident. Il y a trop de contraintes, trop d’interdits. Ici on est beaucoup plus libre qu’en Europe. Mais j’aime y séjourner ponctuellement pour le travail.

Pour conclure, que représente la photographie pour toi ?

La photographie représente une vie, une animation.