Comme chaque soir, Amilou mendie au rond point des Nations à Ouagadougou. Il est 22h mais il attendra encore pour rentrer à l’école coranique avec 3 autres enfants. S’il réussit à collecter 500 Fr CFA, il évitera probablement les coups du maître marabout. Lequel n’a pas accepté de me rencontrer. A place, j’ai été accueilli par son fils, cigarette à la bouche, avec 2 téléphones portables à la main, qui m’expliqua alors que les jeunes apprennent ici à lire et écrire l’arabe à travers les versets du Coran. La mendicité et les coups ne sont là que pour apprendre l’humilité, et accessoirement entretenir la famille du marabout.
Pendant ce temps à l’autre bout de la ville, Daniel Djigui, togolais de 24 ans, passe à la « base », un abris bus où une dizaine d’enfants se regroupent et passent l’essentiel de leur temps pour affronter la rudesse de la rue. Il entame la discussion pour évaluer la lucidité de certains, et construire une relation de confiance avec eux.
Agés de 5 à 20 ans, tous ont une histoire singulière à raconter: décès des parents, famille éclatée, fuite du village pour trouver un travail en ville ou de l’école coranique pour échapper aux coups.
Livrés à eux même, ils sombrent pour la plupart dans la colle à inhaler, l’herbe ou les médicaments et présentent un état de santé souvent catastrophique en raison de la sous-alimentation et du manque d’hygiène (lié à la pollution et la violence).
Le quotidien se répète inlassablement : mendier de quoi manger un peu et acheter de la colle puis sombrer dans un sommeil qui fait tout oublier pendant quelques minutes. Le tout en évitant les bagarres avec d’autres enfants ou mendiants plus âgés.
Certains arrivent à trouver de petits boulots mais rien qui permet de se sortir de la rue.
Le passage à la mosquée est très important puisque les fidèles, respectueux du Coran, doivent donner aux pauvres.
Le dimanche est consacré au bain, qui permet de laver le corps et les vêtements. Mais aussi de se délasser et jouer. Car finalement, ce ne sont que des enfants.
Daniel, peintre et rappeur, se bat au quotidien, par le biais de son association «enfant espoir», pour réinsérer les enfants mendiants en les aidant à retourner dans leur famille ou à aller en formation professionnelle. Il aide également de jeunes peintres en leur proposant une résidence artistique à Ouagadougou. Depuis la réalisation de ce reportage, il a réussi à placer plusieurs enfants en formation et en centre d’hébergement.
Bio : Né en 1977, Richard Delaume découvre la photographie tardivement après avoir été professeur de sport durant 6 ans. Depuis 2006, il collabore avec différents titres de la presse sportive. Mais en 2009, il décide de changer de voie et part au Burkina Faso, ce qui constituera sa 1ère rencontre avec l’Afrique et donc son 1er choc.
Il poursuit actuellement un travail sur l’autisme et prépare un travail sur les réfugiés politiques / dealers à Genève. Les 2 projets mêleront photo et vidéo.
En savoir plus :
– Site de Richard Delaume www.richarddelaume.com
– Contact de Richard Delaume : richard.delaume@me.com
– Contact de Daniel Djigui : djigui777@yahoo.fr